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1er août 1944 - 1er août 2004 : 60è anniversaire de la mort de
Jean Prévost, Capitaine Goderville

Jean Prévost

pour l'histoire du Capitaine Goderville, lire aussi
"il y a 60 ans dans le Vercors"
par Roland Bechmann (Lieutenant Lescot)

Jean Prévost, Capitaine Goderville
un article de Jérôme Garcin

8 juin 1944. La BBC vient de lancer l’ordre de mobilisation destiné aux résistants du Vercors: «Le chamois des Alpes rebondit.» Par milliers, des volontaires gagnent le massif. Cinq compagnies sont formées. L’une d’entre elles est confiée au capitaine Goderville et postée sur la ligne de Saint-Nizier. Elle dispose d’un mortier britannique, de mitrailleuses légères et de fusils-mitrailleurs. Un armement de fortune, dans l’attente du matériel lourd, pour affronter la 157è division de Gebirgsjäger.

Pour les 300 hommes qui vont se battre sous ses ordres, Goderville, c’est Goderville, point final. Un officier musclé et râblé de 43 ans. 1,74 mètre de muscles ronds, l’œil bleu, les cheveux plutôt longs, une féroce envie d’en découdre que le débarquement allié a décuplée. Rien ne détonne chez lui sinon cet exemplaire défraîchi des «Fleurs du mal», de Baudelaire, qui dépasse de la poche de sa vareuse, et une machine à écrire portative qu’il cache dans un sac tyrolien glissé sous son lit de camp.

Dans la troupe, il se peut que des étudiants et typographes du «Petit Dauphiné» devinent, sous les traits de leur chef, un écrivain dont la photographie a souvent été publiée. Il s’appelle Jean Prévost. Un roman, «les Frères Bouquinquant», a frôlé le Goncourt et l’a rendu célèbre. Il a reçu l’année dernière le grand prix de l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre et soutenu à Lyon avec succès sa thèse sur «la Création chez Stendhal». Mais si l’on interroge Goderville, il reste muet sur son passé. Il ne veut pas se distinguer autrement que par le courage. Lorsque le 9 juin son fils aîné, Michel, 16ans, le rejoint à Saint-Nizier, Jean Prévost ne peut plus tricher avec son identité: «Curieuse chose, lui dit-il en l’embrassant, que d’avoir son fils pour frère d’armes!»

Ce jour-là, le Vercors est plein d’espoir et de rage. Le capitaine Goderville les incarne au plus haut point. Mais Jean Prévost, lui, sait en son for intérieur que ses jours sont comptés. Dans un de ses derniers poèmes, il écrit:

Pas un regret ne m’importune.
Je suis content de ma fortune
J’ai bien vécu.
Un homme qui s’est empli l’âme
De trois enfants et d’une femme
Peut mourir nu.

avec son épouse et le philosophe Alain
Jean Prévost
avec son fils Michel
le mémorial de St Nizier du Moucherotte

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